La fabuleuse histoire de Macronos, médaille d’or aux jeux Olympiques du « JE » (conte satyrique)

On oublie trop souvent qu’avant les Jeux Olympiques créés dans le Péloponèse dans la forme où nous les connaissons, un papyrus retrouvé au 18ème siècle nous apprenait que les jeux s’organisaient d’une façon très différente de celle d’aujourd’hui.

En effet, l’important alors n’était pas d’être meilleur que ses concurrents qui venaient déjà de toutes les parties (connues) du monde, mais de les éliminer par tous moyens, de façon à rester finalement seul en piste, et se voir attribuer la déjà très convoitée Médaille d’Or. En bref c’étaient des jeux dans lesquels il fallait montrer entre autres capacités celles d’entourloupe, de mensonge et trahison, de cynisme, etc…. toutes tellement utiles encore de nos jours.

Le même papyrus précité raconte que le concurrent qui remporta l’or pour la première fois au cours de ces jeux (ils eurent lieu à Lutèce), se nommait Macronos.

Voici son histoire, jugez par vous même.

Le règlement des Olympiades du « JE » permettait à chaque concurrent de se constituer une équipe de soutiens indéfectibles capables de mettre en valeur les capacités de leur champion. Macronos, jeune candidat, mit en marche des supporters fidèles, très expérimentés dans la posture du doigt sur la couture du pantalon. Ce fut sa première grande réussite : l’équipe devint progressivement inaudible, invisible, et malgré une ultime tentative de renaissance, on ne voyait plus en tête de la compétition que Macronos son champion, avec sa capacité à faire valoir l’importance de son « JE ». Objectif atteint !

Comme à l’accoutumée dans ce genre d’évènements très médiatisés, des spectateurs d’origine modeste, venus pour profiter de sa notoriété et faire connaître au monde leurs prétentions à exister, donnèrent du fil à retordre aux organisateurs. Il créèrent des embarras de circulation et des barrages aux ronds points, qui faillirent réussir à empêcher les olympiades du JE de poursuivre la compétition. On prit l’avis des concurrents sur la façon de mettre fin à ces troubles, et grâce des méthodes musclées suggérées par l’habile Macronos, les manifestants finirent par se lasser et se retirèrent. Macronos avait montré sa capacité à imposer son point de vue et son savoir faire.

Le papyrus détaille que lors de ces jeux une grave épidémie empêcha un certain nombre de concurrents de faire le déplacement à Lutèce pour participer. En effet, pour empêcher la propagation de l’épidémie, Macronos aurait alors proposé, chose incroyable, d’instaurer la limitation des déplacements au delà du kilomètre et, tenez vous bien, en même temps, au delà d’une heure ! Même si elle ne fût pas déterminante, une telle mesure qui aurait dû apparaître comme insensée, voire absurde, fut largement pratiquée, montrant combien les facultés d’esprit critique étaient diminuées face à l’imagination de Macronos. Faute d’impossibilité de participation de ses concurrents, il progressait encore mieux vers la plus haute marche du podium.

De nombreuses autres compétitions eurent lieu au cours desquelles Macronos démontra sans faillir sa détestation de l’esprit d’équipe et sa pratique aiguisée du dialogue de sourds, qualités majeures de ces premières Olympiades pour atteindre le sommet. Les choses ont bien changé depuis. Quoique… (ndlr).

Cependant, malgré les efforts qu’il déployait pour se maintenir en tête, un concurrent susceptible de mettre Macronos en difficulté le talonnait. Plus jeune que lui, il plaisait à un public agacé par l’omniprésence de Macronos sur tous les fronts, et bénéficiait d’une sympathie grandissante au fil des épreuves.

Voici justement qu’arrivait la dernière épreuve, l’épreuve reine de ces jeux olympiques, celle de l’opinion publique à laquelle tous les concurrents étaient très attachés en raison du symbole d’amour de leur personne qu’elle signifiait à leurs yeux. Et c’est à une écrasante majorité que le challenger de Macronos s’imposa.

Même battu à cette épreuve, Macronos conservait sa place. Mais n’ayant pas l’habitude de perdre, il était profondément blessé, abattu, et furieux de ce rejet de l’opinion.

Figurez-vous que la cérémonie de remise des médailles ne put avoir lieu, car le jour même Macronos mit le feu au stade Olympique. Sans doute pour ne pas avoir à monter sur le podium et affronter l’humiliation que provoqueraient les huées, sifflements, quolibets, chansons et lancement d’objets de toute nature que lui réservait le public.

Beaucoup s’en étonnèrent. C’était pourtant prévisible. Cet acte de mépris de l’opinion publique n’était-il pas dans son ADN depuis toujours, et ne lui donnait-il pas en même temps l’occasion d’apporter une fois de plus la preuve que quoiqu’il en coûte, il demeurait le champion incontestable des jeux olympiques du « JE » ?

Alexandre Adjiman

le 22 juin 2024

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Auteur : Versus

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2 réflexions sur « La fabuleuse histoire de Macronos, médaille d’or aux jeux Olympiques du « JE » (conte satyrique) »

  1. Evidemment, je n’aurais su faire un aussi joli conte satyrique. En effet vous réussissez là, avec talent ,un exercice de style très délicat. Sous couvert de l’h/Histoire narrée avec beaucoup d’humour, de finesse et néanmoins de lucidité et d’analyse, vous arrivez même à nous divertir et presque dédramatiser l’actualité !

    Bravo donc et merci !

    Je rajouterai seulement ceci « aux urnes citoyens » !

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    1. Merci à vous lecteur ou lectrice « anonyme » pour votre commentaire…. Un auteur a en permanence le syndrome de l’imposteur (ou de l’illégitimité selon Mazarine Pingeot dans un article récent) au moment de publier, d’appuyer sur « envoyer » pour la mise en ligne…. Aussi votre commentaire me comble…. Et OUI, aux urnes citoyens ! Alexandre Adjiman

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